Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/207

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Il usoit bien de ses victoires ;
Et vouloit que par tout la justice fleurît,
Il écoutoit les gens, il lisoit leurs mémoires ;
L’innocent triomphoit, l’injuste étoit proscrit.
Sur cette bonne renommée,
Des bornes de son vaste état,
Une vieille femme opprimée
Vint apporter sa plainte aux pieds du potentat.
Sire, par le droit de la guerre,
Ma fille et moi nous sommes vos vassaux :
On l’a deshonorée, on a pillé ma terre ;
Sous un bon roi doit-on souffrir ces maux :
C’est vous, sire, que je reclame.
Que je vous plains, ma pauvre femme !
Dit le prince : je veille à maintenir les loix ;
Mais de si loin que puis-je faire ?
Puis-je songer à tout ? L’astre qui nous éclaire,
Éclaire-t-il tout le monde à la fois !
Il n’est pas étonnant que si loin de mon trône
Mes bons ordres soient mal suivis.
Eh ! Pourquoi donc, seigneur, répondit la matrone,
Ne pouvant nous régir, nous avez-vous conquis ?