Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/217

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Il ne sçavoit que plaindre un misérable :
Falloit-il punir un coupable ?
Tout son pouvoir étoit à bout.
Mille petits tirans désoloient sa province ;
Les tigres, les lions enlevoient ses sujets ;
Qu’y faisoit-il ? Il leur prêchoit la paix :
C’étoit pitié qu’un si bon prince.
Bienfaits tant qu’on vouloit, point de punition ;
Partout, indulgences plenieres.
On le dépose enfin, pour choisir le lion.
Le nom de conquerant suit cette élection.
Bien-tôt le nouveau roi recule ses frontieres,
Soûmet tous ses voisins à son ambition ;
Fait trembler ses sujets, plus de rebellion :
Mais aussi point d’amour ; il n’inspiroit que crainte.
Sa majesté cruelle et de sang toûjours teinte,
Effrayoit jusqu’à ses flatteurs ;
Sur un soupçon, sur une plainte ;
Malheur aux accusés, même aux accusateurs.
Qu’est ceci, dit le peuple ? Et quel choix est le nôtre ?
La diéte a bien mal réüssi ;
De deux rois, pas un bon ; nous ne craignions point l’autre ;
Le moyen d’aimer celui-ci ?
Il ne connoît d’autre loi que sa rage.
Enfin désesperé d’un si dur esclavage,