Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/296

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La déesse s’assit en son lit de justice,
S’embellissant encor du plaisir de songer
Qu’autrefois en même querelle
Elle s’étoit fait ajuger
La pomme duë à la plus belle.
Les graces paroissant devant ce tribunal,
S’inquiétent du soin de plaire :
Mais ce soin gâta leur affaire ;
Tout leur art leur tournoit à mal.
L’une fait la grimace en resserrant sa bouche ;
L’autre altere ses traits en faisant voir ses dents ;
L’autre tournoit ses yeux de tant de sens
Qu’elle en devenoit presque louche.
Qu’est-ceci, dit Venus ? Où sont donc vos appas ?
Est-ce donc vous qui marchiez sur mes traces ?
Allez, allez ; finissez vos débats,
Si vous voulez redevenir les graces ;
Et pour plaire, n’y songez pas.
N’y point songer ? C’est trop. Eh bien, n’y songez guère.
Je soûtiens sans exception,
Qu’on déplaît, dès qu’on veut trop plaire.
Nul agrément n’est né de l’affectation.