Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/297

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LE RENARD ET LE LION

L’homme, sans doute, envers l’homme son frere
Est tenu de sincérité :
Mais il faut souvent, pour bien faire,
Assaisonner la vérité.
Si le vrai prend dans notre bouche
Le ton impérieux, l’air hautain de leçon ;
L’amour propre s’en effarouche,
Il faut l’apprivoiser par un peu de façon.
Il faut par un humble artifice,
L’aider lui-même à se persuader.
Si vous voulez faire aimer la justice,
Inspirez là plutôt que de la commander.
Les rois sur tout veulent qu’on les menage ;
On doit les manier avec dextérité.
Sans cet art, l’avis le plus sage
Leur paroît une atteinte à leur autorité.
Fade flateur, pédant sévere
Le meilleur des deux ne vaut rien.
Qui sçait corriger sans déplaire
Est au but ; qu’il s’y tienne bien.
Ces égards nous sont dûs à tous tant que nous sommes ;