Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/302

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LES ABEILLES

Il est bon d’user de clémence :
C’est le plus beau fleuron de la toute-puissance.
Dieux de la terre, aimez à pardonner,
Et ne foudroyez pas, s’il suffit de tonner.
Mais que votre bonté jamais ne se permette
D’ôter à la malice un salutaire effroi ;
Rarement convient-il que le prince se mette
Entre le coupable et la loi.
Souvent la clémence indiscrette
Est le malheur du peuple, et la honte du roi.
C’est par pitié qu’il faut être sévere.
Qui punit bien, a bien moins à punir.
Pour le présent, humeur trop débonnaire
Est cruauté pour l’avenir.
Muscan, roi d’un peuple d’abeilles,
Surnommé grand pour ses merveilles,
Fit dans tout son état publier un édit :
Maint motif élégamment dit
Préparoit la défense expresse
Qu’il faisoit à toute l’espéce
De toucher désormais aux fleurs de mauvais goût,