Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/317

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POISSONS ET LE FEU D’ARTIF.

Sur la riviere à la fin d’un beau jour,
On tiroit un feu d’artifice.
C’est en vain que la nuit croit regner à son tour,
Du soleil endormi Vulcain faisoit l’office ;
Mille jeux de son art, malgré Phoebus absent,
Firent voir le jour renaissant.
Au bruit soudain, tout le peuple aquatique
S’effraye au fonds de son manoir ;
L’air tonant, embrasé, trouble la république
Ils n’osoient entendre ni voir.
Malgré cette premiere transe,
L’onde les rassuroit un peu ;
Car, où seroit la vraisemblance
Que le monde poisson dût périr par le feu ?
Ils ne sont pas long-tems à le trouver possible.
La vraisemblance arrive ; et mille serpentaux,
Vrais foudres à leurs yeux, perçant le sein des eaux
Leur portent de la mort la menace terrible.
Ah ! S’écrierent-ils, le monde va finir.
Chacun déja songe à sa conscience.
Nous le méritons bien ; le ciel veut nous punir,