Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/137

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tendre, railleur, jaloux, insensé, éperonnant sa passion et la lançant à bride abattue à travers toutes les conquêtes et tous les périls.

Edmond La Roche ne s’était point d’abord passionné pour Rosine ; il avait entr’ouvert les dents comme à la vue d’un beau fruit d’or et de pourpre qui rit sur l’espalier, mais il avait passé outre en se disant : — C’est du fruit vert. — Peu à peu, cependant, cette charmante image de Rosine, tout à la fois souriante et attristée, s’était gravée dans son cœur. Il la portait en lui sans trop y prendre garde ; mais bientôt l’image, — la gravure à l’eau forte, — le brûla à feu vif. Sa passion pour Rosine lui fut révélée comme par hasard un matin qu’il passait sur le pont au Change ; il se rappela le bouquet de violettes, il chercha Rosine autour de lui. — Où est-elle ? où est-elle ? où est-elle ? — Si elle fût passée là, il l’eût saisie dans