Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/154

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saluer ce soleil levant. Or, pendant ce triomphe, Rosine mourait de faim : sur sa figure et sur son engagement à l’Odéon, on lui avait accordé quelque crédit à son hôtel, mais à la condition qu’elle n’en abuserait pas. La pauvre fille vivait un peu de l’air du temps. Quand on a dix-huit ans, c’est un bien mauvais dîner. De bonne heure familière avec la faim, elle s’habituait à n’ouvrir ses belles dents que juste ce qu’il fallait pour ne pas se laisser mourir.

Un soir, après avoir joué, — et bien joué — son rôle de début, en ingénue qui ne devait rien savoir, pas même son cœur, — elle fut emportée malgré elle jusqu’à la porte d’Edmond La Roche.

C’est si doux de dire à un seul : « Tout le monde m’a trouvée belle, mais mon cœur n’a battu que pour toi. » Peut-être, après tout, Rosine s’était-