Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/170

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La faim, je m’explique : Rosine mangeait, mais que mangeait-elle ? Du pain, des gâteaux, des pommes, des oranges. La pauvre fille, elle donnait aux oiseaux, sur sa fenêtre, les miettes de son festin. Les oiseaux pillent les riches, mais il n’y a que les pauvres qui leur donnent la pâtée.

Le soir, la passion vint soulever Rosine dans son lit ; la fièvre était plus forte, les rêveries ardentes battaient des ailes sur ses tempes. Elle se leva, s’habilla à moitié, et monta quatre à quatre, tout éperdue, sans regarder derrière elle, vers la chambre d’Edmond La Roche. Elle croyait le trouver seul ; mais, arrivée à la porte, elle entendit un gai quatuor, c’est-à-dire deux voix d’hommes et deux voix de femmes ; on soupait bruyamment et amoureusement. Cette gaieté la frappa au cœur comme un coup de couteau.

— Je ne suis pas du festin, dit-elle amèrement.