Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/34

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coutume. On était aux premiers jours de janvier ; un froid noir pénétrait partout. Les petits enfants, pâles et affamés, se tenaient les uns contre les autres, à moitié endormis, devant deux bâtons de fagot qui brûlaient comme à regret dans l’âtre le plus désolé du monde ; la mère préparait le souper, — un souper pour deux, et ils étaient dix ! — Rosine achevait d’ajuster une jaquette pour une de ses jeunes sœurs. Un morne silence répondait aux mugissements du vent.

Le tailleur de pierres entra en secouant la neige qui couvrait sa tête, ses bras et ses pieds. Sa femme alla à lui.

— Voyons, assieds-toi. J’étais inquiète. Il est près de huit heures ; aussi les voilà tous qui dorment.

— Ne les réveille pas, dit André Dumon d’un air désespéré : qui dort dîne.