Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/53

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Elles traversèrent la Cité pour acheter des violettes au quai aux Fleurs. Le marché fut bientôt fait : pour cent sous, la joueuse de harpe eut un éventaire, une botte de violettes, une botte de feuillage, une pelote de fil et une médaille d’emprunt.

Elle conduisit Rosine sur le pont.

— Voilà ton affaire, lui dit-elle d’un air victorieux. Tu as une jolie voix, tu n’as qu’à parler pour faire flores, surtout avec ton miroir aux alouettes. Que tes bouquets soient joliment épanouis, qu’ils soient faits de rien, car c’est plutôt ton sourire qu’on achètera que tes fleurs.

— Je ne veux vendre que des bouquets, dit Rosine d’un air digne et naïf.

— Allons, ne te fâche pas. Souffle dans tes doigts, et promène-toi de long en large, car il fait froid aujourd’hui. Pour moi, je vais conti-