Page:Houssaye - Poésies complètes de Arsène Houssaye, 1850.djvu/82

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La chaumière qui fume a pris un air vivant,
À l’espoir des moissons elle vient de renaître ;
Le pâle liseron grimpe à son contrevent ;
Pour voir le blé qui pousse, elle ouvre sa fenêtre.

Au bout de ce vieux parc, dans l’étang du château,
Un groupe épanoui se promène en nacelle :
Que de grâce ! On dirait un pastel de Watteau,
Où l’amour se suspend, où l’esprit étincelle.

Dans le lointain brumeux un vieux clocher flamand
S’élève avec notre âme aux régions divines,
Tandis qu’un doux signal, un joyeux aboiement,
Nous appelle à la ferme, au-dessus des ravines.

Dans les prés reverdis le troupeau reparaît :
Le jeune pâtre chante et sculpte une quenouille,
La vache qui nous voit jette un regard distrait,
Le grand bœuf nonchalant sommeille et s’agenouille.

À deux pas du troupeau, par les chiens arrêté,
Sous le pommier en fleur que fait neiger la brise,
Une blanche génisse au beau flanc tacheté
Nous regarde passer, curieuse et surprise.

Que cachent ces haillons sur le bord du ruisseau ?
Un jeune vagabond secouant sa misère,
Émiettant son pain bis pour son ami l’oiseau,
Et de sa vie oisive égrenant le rosaire.

Auprès du vagabond un beau narcisse blanc
À mon esprit rêveur vient rappeler la fable ;