Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/142

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d’accent anglais, elle prononce ces paroles :

— Franklin disait à Voltaire : « Dieu et la liberté ! » moi je dis : « Dieu et Lamartine ! »

Et, après ces belles paroles, voilà la dame qui s’effondre et s’évanouit devant le poète.

Mademoiselle Valentine de Cessia, avec une tendresse de sœur, la prend dans ses bras, la caresse et lui fait respirer des sels.

Ce spectacle fut charmant, surtout quand l’Anglaise fanatique revint à elle. Les deux jeunes filles s’embrassèrent avec une effusion toute familiale. Lamartine, qui avait le droit d’être solennel après les paroles qu’il venait d’entendre, verse un pleur. À ce moment, j’ai cru que tout le monde allait s’embrasser.

Quelques dames embrassèrent Lamartine. Suis-je bien sûr de ne pas avoir embrassé madame de Girardin pendant que Girardin appuyait sa voisine sur son cœur ?