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Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/144

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sacrifié sa vie à ce pauvre Lamartine tant abandonné en ses dernières années. Je ne sais rien de plus triste que la vie douloureuse du grand poète mourant tous les jours un peu. Cet amoureux de la lumière s’ensevelissait lentement en se demandant si c’était bien lui qui survivait au grand Lamartine des jours rayonnants. Sa nièce, qu’il adorait en mémoire de sa fille morte à seize ans, voulait dans sa bonté inépuisable qu’il crût encore à sa royauté de poète. Bien des fois en lui lisant un journal, elle improvisait un éloge rapide du grand oublié.

Bien mieux, comme il y avait en elle l’étoffe d’une Muse, il lui arrivait de lire à Lamartine des odes rimées par elle, qu’elle attribuait à quelque poète célèbre d’aujourd’hui.

Saluons donc d’un adieu bien sympathique cette belle âme qui n’a vécu que pour consoler et qui est morte en interdisant d’envoyer toute lettre d’invitation ou de faire-part. Quand Valentine de Cessia entrera dans la cha-