Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/163

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respirer le parfum trop doux des fraises et des églantines, qui d’entre nous ne t’a suivie et adorée ? Mais nous n’irons plus aux bois, les lauriers sont coupés, comme chantait Banville : la fantaisie a montré son pied tout parfumé d’herbe sur le seuil de l’Académie française, depuis qu’Alfred de Musset a fait ses visites.

Il y a aussi les graves, qui font trembler l’Olympe au mouvement de leur sourcil. Ceux-là veulent être les pasteurs des peuples ; ils ne veulent pas que la poésie soit un vain amusement, une musique qui se perd dans les nues, un parfum de violette que secoue en passant le pied nu de la paysanne, une draperie sculptée dans la splendeur du beau par Phidias, ou Praxitèle, un chef-d’œuvre de ciselure par Benvenuto Cellini, un rayon de soleil recueilli par Diaz ou Ziem. Ils veulent que la poésie se souvienne de Moïse, de Platon et de Jésus-Christ ; qu’elle écrive ses hymnes d’or au livre de l’avenir, qu’elle en-