Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/180

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— Oui, répondit George Sand, voilà pourquoi vous me voyez quelque peu préoccupée ; figurez-vous que cette écervelée s’est laissé voler dans son corsage une lettre que j’écrivais à madame Dorval en lui envoyant mille francs.

— Comment, si futée et si niaise tout à la fois !

— Oh ! elle est trop coquette ; je la renverrai à sa famille dès demain.

Et comme Éléonore sortait, éclatant en sanglots, Jules Favre, ce grand avocat qui renfermait un juge d’instruction, dit à madame Sand :

— Êtes-vous bien sûre que la fillette ne ment pas ? Elle se serait laissé voler sans crier gare ; permettez-moi de l’interroger.

— C’est cela, dit Pierre Leroux, nous allons nous constituer, pour notre dessert, en cour de justice. Rappelons l’accusée.

Et il sonna.

Nonore reparut, essuyant toujours ses yeux.