Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant d’esprit, il conservait à son insu, peut-être, ce christianisme de sentiment dont l’avait imprégné, tout enfant, celle qui, la première, avait joint ses mains et fait ployer ses genoux devant le symbole sacré du Sauveur.

» Elle lui avait mis aux lèvres l’avant-goût des choses divines, et j’ai lieu de croire qu’il en gardait le tourment même aux heures les plus dévorantes, alors que l’on disait de lui, comme de Musset :

» Quel est donc ce jeune homme qui s’inquiète tant de la blancheur des marbres ? »

» Ah ! c’est que, sous l’élan de sa fougueuse nature, le marbre s’était fait chair pour le poète ; les gorges les plus marmoréennes avaient frissonné, les bras s’étaient ouverts et refermés sur lui, les syllabes évocatrices avaient descellé les lèvres rigidement fermées, la vie, la vie orageuse l’avait étreint dans son spasme immense.

» Comment ne se seraient-ils pas pressentis