Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/234

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oublié qu’on ne le croit. C’est une vraie joie pour les esprits bien doués de lire dans Béranger l’histoire de tout un demi-siècle. Pas une chanson de Béranger qui ne peigne les héroïsmes, les aspirations, les folies, toutes les pages d’un temps déjà si loin de nous, mais qui restera la période la plus éclatante de notre histoire.

Avant de saluer la Lisette par un souvenir sympathique, saluons d’abord en Béranger le philosophe et le poète, comme le disait un de ses contemporains, dans une séance solennelle de l’Académie :

« Je crois voir, en notre Béranger, quelque chose de Diogène, ce philosophe, orgueilleux de sa pauvreté indépendante, ne demandant au plus puissant des rois que de ne pas lui ôter son soleil, et occupé toute sa vie à regarder dans le cœur de l’homme avec une curiosité d’observateur satirique. Aussi, les plus fortes saillies de Béranger sont encore des peintures de mœurs, ou même de hautes