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LA VIE DES LANGUES.

veloppement : le végétal qui, sous ce rapport, peut posséder la valeur la plus considérable a chance de n’être pour lui qu’une mauvaise herbe vulgaire. »

Cette comparaison est exacte, et, mieux que toute autre explication, elle dit assez que le linguiste étudie chez l’homme le phénomène du langage articulé et ses produits à la façon dont tout physiologiste étudie les autres fonctions, la locomotion, par exemple, l’olfaction, la vision, ou encore la digestion, la circulation. Et non-seulement il recherche et détermine les lois normales propres à ce phénomène, mais encore il découvre et caractérise les altérations véritablement pathologiques qui se présentent maintes fois durant le cours de la vie des langues.

§ 2. La vie des langues.

Les langues en effet naissent, croissent, dépérissent et meurent comme tous les êtres vivants. Elles ont passé tout d’abord par une période embryonnaire, elles atteignent un complet développement et sont livrées, en fin de compte, à la métamorphose régressive. C’est précisément cette conception de la vie des langues qui, ainsi qu’on l’a déjà remarqué, distingue la science moderne du langage d’avec les spéculations du passé.

Nous traiterons dans un autre chapitre de la naissance des langues et de l’origine de la faculté du langage articulé ; plus loin aussi nous verrons comment les systèmes linguistiques les plus compliqués proviennent de systèmes rudimentaires ; comment, en un mot, les formes dont l’organisation est la plus complète proviennent de formes beaucoup moins développées.

Les langues une fois nées, l’on ne peut dire qu’elles entrent aussitôt dans leur période historique, en entendant par là que leur développement se trouve soumis d’ores et