Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/288

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recueillent des offrandes immenses, tant en or qu’en pierres précieuses. »

La pagode et le monastère de Badid sont ensevelis sous la neige durant neuf mois de l’année. Alors les villages voisins sont déserts. Les habitants et les religieux se retirent à trois ou quatre journées de là, dans une profonde vallée, où le froid est moins rude et où la neige tombe en moins grande abondance. Les gens de cette contrée mangent le mouton cru, à mesure qu’ils l’ont écorché ; la graisse et les nerfs des pieds sont des morceaux friands ; ils déchirent les entrailles et les dévorent sans trop se mettre en peine qu’elles soient suffisamment nettoyées. Quelquefois il leur arrive de faire cuire la viande, mais très-peu car ils prétendent que lorsqu’elle est entièrement cuite elle perd son goût et sa saveur.

Avant d’aller plus loin, la caravane dut s’arrêter dans un village de la vallée, afin d’attendre le moment favorable pour traverser un désert qui conduit au Thibet. On ne peut s’y engager que durant deux mois de l’année ; le reste du temps les chemins sont entièrement obstrués et impénétrables. Ce désert est coupé d’énormes montagnes, qu’on ne peut franchir en moins de vingt jours. On n’y trouve ni habitations, ni arbres, ni herbes, rien en un mot que des rochers presque toujours couverts de neige. Durant les deux mois où les chemins sont praticables, on n’est pas pour cela délivré de la neige, mais elle est dure et solide comme du marbre. Les chevaux mêmes ne laissent pas dessus les traces de leurs pas. Comme on ne trouve sur ce sol impitoyable ni bois ni aucun autre genre de combustible, les voyageurs en sont réduits