Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

min, les menaçant des châtiments les plus graves en cas de désobéissance. Ils annoncèrent au guide que sa femme et ses enfants étaient déjà emprisonnés, et que ses biens avaient été confisqués par les chefs de la tribu. Ces nouvelles ébranlèrent la résolution du guide, qui retourna sur ses pas. Mais d’Andrada, ne tenant aucun compte des menaces que lui adressaient ces émissaires, passa outre et continua son chemin avec ses deux domestiques, sans que personne eût le courage de les en empêcher.

« Alors, dit-il, nous nous engageâmes dans le désert avec d’autant plus de difficulté, que de temps en temps nous enfoncions dans la neige, tantôt jusqu’à la poitrine et tantôt jusqu’aux épaules. Pour l’ordinaire, nous en avions jusqu’aux genoux ; souvent nous fûmes obligés de nous traîner de toute notre longueur sur la neige, comme si nous nagions. Tels étaient les travaux du jour ; la nuit n’était pas propre à nous reposer. Obligés d’étendre un de nos manteaux sur la neige, nous nous couchions dessus et nous nous couvrions d’un autre le mieux que nous pouvions. La première nuit il neigea si fortement que, pour ne pas rester ensevelis sous la neige, nous étions obligés de nous lever et de secouer nos manteaux. Le froid était si violent que nous avions perdu le sentiment dans différentes parties du corps principalement aux pieds, aux mains, au visage. Une fois, en voulant prendre quelque chose il me tomba une phalange du doigt ; je ne le sentis pas et ne m’en aperçus qu’en voyant le sang couler le long de ma main. Nos pieds s’enflèrent et devinrent si engourdis que nous n’aurions pas senti un fer chaud. Nous che-