Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/295

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dit que nous apportions des bijoux d’un grand prix ; en outre, il était loin de penser qu’il y eût un autre motif que le gain, capable de nous déterminer à entreprendre un voyage si pénible ; cependant il fut bientôt détrompé, ce qui apaisa un peu l’excès de sa joie, et il différa deux ou trois jours de nous donner audience. Néanmoins il nous fit demander quel était le motif de notre voyage. Je répondis que je n’étais pas venu au Thibet pour vendre ni pour acheter, puisque je n’étais pas négociant, que j’étais très-reconnaissant des offres qu’on m’avait faites de sa part, avant mon arrivée, mais que je le suppliais de m’accorder une heure d’audience, pendant laquelle je lui exposerais les raisons qui m’avaient amené dans ses États ; je l’assurais d’avance qu’il les apprendrait avec la plus grande satisfaction. »

Le roi ne tarda pas à faire appeler le P. d’Andrada il lui fit l’accueil le plus affectueux et s’entretint longtemps avec lui par l’intermédiaire d’un interprète musulman de Kachemire. Le P. d’Andrada lui dit qu’il avait entrepris ce long et périlleux voyage pour s’assurer s’il y avait, comme on le pensait, des chrétiens dans le Thibet ; qu’autrefois les prédicateurs de la vraie religion avaient pénétré dans le pays ; qu’il était à craindre que la foi se fût affaiblie, qu’elle eût même perdu sa pureté. Il était donc venu pour lui exposer les véritables principes du christianisme et détruire les superstitions qui avaient cours dans ses États. Le roi parut très-peu comprendre le sens de ce discours, parce que l’interprète, en sa qualité de musulman, trouvait peu agréable de travailler aux intérêts du christianisme. Le P. d’Andrada s’en étant aperçu, le