Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/61

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pouvait prendre sur lui de leur octroyer ce qu’ils demandaient ; cela dépendait de la volonté du vice-roi. Les missionnaires insistèrent pour qu’on les laissât au moins séjourner à l’ambassade du roi de Siam et y attendre le temps où les marchands portugais se rendaient périodiquement à Canton pour leur trafic, espérant qu’avant cette époque ils auraient peut-être la permission du vice-roi. Le préfet ne fit pas d’objection à ce plan, et les missionnaires allèrent s’installer, selon leur désir, à l’ambassade du roi de Siam. Avant la fin du jour, pendant qu’ils se félicitaient d’avoir enfin réussi dans leur entreprise, ils reçurent ordre de retourner sur-le-champ à Macao, sous prétexte que le nouveau vice-roi se disposant à faire la visite de la province, il y aurait grave inconvénient à ce qu’il trouvât à Canton deux étrangers, pendant une saison qui n’était pas fixée pour leur négoce. M fallut donc encore une fois céder au reflux et se rembarquer.

En passant par la ville de la Montagne des Parfums, les PP. Roger et Ricci connurent le véritable motif de leur expulsion de Canton. On lisait aux portes et dans les principaux quartiers de la ville un édit du nouveau gouverneur des deux Kouang. Après plusieurs considérations sur l’administration de la province, l’édit ajoutait… « Il se commet en la localité de Ngao-Men (Macao) un grand nombre d’abus, et l’on prévarique ouvertement contre les lois. Ces péchés doivent être pour la plupart imputés aux interprètes et aux linguistes, qui abusent de leurs fonctions pour induire les barbares au mal et les faire tomber dans le crime. Ainsi, nous sommes informé,