Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/113

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jusqu'à ce jour, il a conservé toute sa fraîcheur, et qu'il se soutient, par un prodige continuel, un peu au dessus du sol, sans être appuyé ni retenu par rien. On ajoute qu'il lui arrive quelquefois d'adresser la parole aux Lamas qui ont fait de grands progrès dans la perfection ; mais les autres ne peuvent l'entendre.

Outre la réforme que Tsong-Kaba introduisit dans la liturgie, il se rendit encore célèbre par une rédaction nouvelle du corps doctrinal, laissé par Chakdja-Mouni. Le plus important de ses ouvrages est intitulé Lam-Rim-Tsien-Bo, c'est-à-dire : « Le chemin gradué de la perfection. »

Pour peu qu'on examine les réformes et les innovations introduites par Tsong-Kaba dans le culte lamaïque, on ne peut s'empêcher d'être frappé de leur rapport avec le catholicisme. La crosse, la mitre, la dalmatique, la chape ou pluvial, que les grands Lamas portent en voyage, ou lorsqu'ils font quelque cérémonie hors du temple ; l'office à deux chœurs, la psalmodie, les exorcismes, l'encensoir soutenu par cinq chaînes, et pouvant s'ouvrir et se fermer à volonté ; les bénédictions données par les Lamas en étendant la main droite sur la tête des fidèles ; le chapelet, le célibat ecclésiastique, les retraites spirituelles, le culte des saints, les jeûnes, les processions, les litanies, l'eau bénite : voilà autant de rapports que les bouddhistes ont avec nous. Maintenant, peut-on dire que ces rapports sont d'origine chrétienne ? Nous le pensons ainsi ; quoique nous n'ayons trouvé ni dans les traditions, ni dans les monuments du pays, aucune preuve positive de cet emprunt, il est permis néanmoins d'établir des conjectures, qui portent tous les caractères de la plus haute probabilité.