Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en voyant qu'on se trouve dans un pays de plus en plus habité. Les tentes noires qu'on aperçoit dans le lointain, les nombreux pèlerins qui se rendent à Lha-Ssa, les innombrables inscriptions gravées sur des pierres amoncelées le long du chemin, les petites caravanes de bœufs à long poil qu'on rencontre de distance en distance, tout cela contribue un peu à alléger les fatigues de la route.

A quelques journées de distance de Lha-Ssa, le caractère exclusivement nomade des Thibétains s'efface peu à peu. Déjà quelques champs cultivés apparaissent dans le désert. Les maisons remplacent insensiblement les tentes noires. Enfin les bergers ont disparu, et l'on se trouve au milieu d'un peuple agricole.

Le quinzième jour après notre départ de Na-Ptchu, nous arrivâmes à Pampou qui, à cause de sa proximité de Lha-Ssa, est regardé par les pèlerins comme le vestibule de la ville sainte. Pampou, désigné par erreur sur la carte de géographie sous le nom de Panctou, est une belle plaine arrosée par une grande rivière, dont les eaux, distribuées dans plusieurs canaux, répandent la fécondité dans la campagne. Il n'y a pas de village proprement dit ; mais on aperçoit, de tous côtés, de grandes fermes terminées en terrasse, et ordinairement très-bien blanchies à l'eau de chaux. Elles sont toujours entourées de grands arbres, et surmontées d'une petite tourelle en forme de pigeonnier, où flottent des banderolles de toutes couleurs, chargées d'inscriptions thibétaines. Après plus de trois mois de route dans d'affreux déserts, où il n'était possible de rencontrer que des bêtes fauves et des brigands, la plaine de Pampou nous parut le pays le plus beau du