Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/279

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Après le Talé-Lama, que les Thibétains nomment aussi quelquefois Kian-Ngan-Remboutchi (souverain trésor), vient le Nomekhan ou empereur spirituel. Les Chinois lui donnent le nom de Tsan-Wang, roi du Thibet. Ce personnage est nommé par le Talé-Lama, et doit être toujours choisi parmi la classe des Lamas-Chaberons. Il conserve son poste pendant toute sa vie, et ne peut être renversé que par un coup d'Etat. Toutes les affaires du gouvernement dépendent du Nomekhan et de quatre ministres nommés Kalons. Les Kalons sont choisis par le Talé-Lama, sur une liste de candidats formée par le Nomekhan : ils n'appartiennent pas à la tribu sacerdotale, et peuvent être mariés ; la durée de leur pouvoir est illimitée. Quand ils se rendent indignes de leurs fonctions, le Nomekhan adresse un rapport au Talé-Lama, qui les casse, s'il le juge opportun. Les fonctionnaires subalternes sont choisis par les Kalons, et appartiennent le plus souvent à la classe des Lamas.

Les provinces sont divisées en plusieurs principautés, qui sont gouvernées par des Lamas-Houtouktou. Ces espèces de petits souverains ecclésiastiques, reçoivent leur investiture du Talé-Lama, et reconnaissent son autorité suzeraine. En général, ils ont l'humeur guerroyante, et se livrent souvent, entre voisins, des combats à outrance, et toujours accompagnés de pillage et d'incendie.

Le plus puissant de ces Lamas souverains, est le Bandchan-Remboutchi, il réside à Djachi-Loumbo (1)[1], capitale du Thibet ultérieur. Cette ville est située au sud de Lha-Ssa, et n'en est éloignée que de huit journées de marche.

  1. (1) Djachi-Loumbo signifie Montagne des Oracles.