Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/278

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pourraient encore nous fournir des rapprochements pleins d'intérêt. Le gouvernement thibétain étant purement lamaïque, paraît, en quelque sorte, être calqué sur le gouvernement ecclésiastique des Etats pontificaux. Le Talé-Lama est le chef politique et religieux de toutes les contrées du Thibet ; c'est dans ses mains que réside toute puissance législative, exécutive et administrative. Le droit coutumier et certains règlements, laissés par Tsong-Kaba, servent à le diriger dans l'exercice de son immense autorité. Quand le Talé-Lama meurt, ou pour parler le langage des Bouddhistes, quand il transmigre, on élit un enfant qui doit continuer la personnification indestructible du Bouddha-vivant: cette élection se fait par la grande assemblée des Lamas-Houtouktou, dont la dignité sacerdotale n'est inférieure qu'à celle du Talé-Lama. Plus bas, nous entrerons dans quelques détails sur la forme et les règles de cette singulière élection. Comme le Talé-Lama est non seulement le souverain politique et religieux des Thibétains, mais encore leur Dieu visible, on comprend qu'il ne pourrait, sans compromettre gravement sa divinité, descendre des hauteurs de son sanctuaire, et se mêler à tout propos des choses humaines. Il s'est donc réservé les affaires de majeure importance, se contentant de régner beaucoup et de gouverner très-peu. Au reste l'exercice de son autorité dépend uniquement de son goût et de son bon plaisir. Il n'y a ni charte ni constitution pour contrôler sa manière de faire.