Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/340

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Nos relations fréquentes avec l'ambassadeur chinois, le Régent et le gouverneur kachemirien, ne contribuaient pas peu à nous attirer la confiance et la considération de la population de Lha-Ssa. En voyant augmenter de jour en jour le nombre de ceux qui venaient nous visiter et s'instruire de notre sainte religion, nous sentions nos espérances grandir, et notre courage se fortifier. Cependant, au milieu de ces consolations, une pensée venait incessamment nous navrer le cœur : nous soupirions de ne pouvoir offrir aux Thibétains le ravissant spectacle des fêtes pompeuses et touchantes du catholicisme. Il nous semblait toujours que la beauté de nos cérémonies eût agi puissamment sur ce peuple, si avide de tout ce qui tient au culte extérieur.

Les Thibétains, nous l'avons déjà dit, sont éminemment religieux ; mais, à part quelques Lamas contemplatifs, qui se retirent au sommet des montagnes, et passent leur vie dans le creux des rochers, ils sont très-peu portés au mysticisme. Au lieu de renfermer leur dévotion au fond de leur cœur, ils aiment, au contraire, à la manifester par des actes extérieurs. Ainsi les pèlerinages, les cérémonies bruyantes dans les lamaseries, les prostrations sur les plates-formes de leurs maisons, sont des pratiques extrêmement de leur goût. Ils ont continuellement à la main le chapelet bouddhique, qu'ils agitent avec bruit ; et ils ne cessent de murmurer des prières, lors même qu'ils vaquent à leurs affaires.

Il existe à Lha-Ssa une coutume bien touchante, et que nous avons été en quelque sorte jaloux de rencontrer parmi des infidèles. Sur le soir, au moment où le jour touche à