Page:Huet - Étude sur les différentes écoles de violon.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RODE, ÉLEVE DE VIOTTI. 103

Romance en sol de Beethoven écrite pour Rode ment sentie ; l'exécutant et l'auteur eurent une part égale au triomphe que le public décerna, en manifestant le désir de l'entendre dans trois concerts consécutifs. Après avoir voyagé en Hollande, en Allemagne et en Angleterre, il revint à Paris et fut attaché au Conservatoire comme professeur de violon, mais il quitta bientôt cette place pour aller à Madrid. Ce fut dans cette ville qu’il fit la connaissance de Bocchérini qui écrivit pour lui l’instrumentation de plusieurs concertos, particulièrement du 6* en si bémol. De retour à Paris en 1800, il fut attaché à la musique particulière du premier consul, en qualité de violon solo. Cette époque fut la plus brillante de son talent et de ses succès. Appelé à la cour de Russie, Rode partit en 1803 pour Saint-Pétersbourg avec son ami Boieldieu. Nommé premier violon de la musique du Czar, il prolongea son séjour en Russie pendant cinq années, pour reparaître ensuite à Paris vers la fin de 1808, dans un concert qu’il donna à l’Odéon. Avide de succès, Rode partit de nouveau pour l’Allemagne en 1811 et parcourut l'Autriche, la Hongrie, la Styrie, la Bohême, la Bavière et la Suisse. Ce fut pendant ce voyage, et lorsqu’il était à Vienne, que Beethoven écrivit pour lui la délicieuse romance en sol pour violon et orchestre que Baillot a fait entendre longtemps après avec tant de succès dans les concerts du Conservatoire. Ce fut après tous ses voyages que Rode revint définitivement à Paris se faire entendre une dernière fois. Malheureusement, Rode s’aperçut de la différence des applaudissements qui lui étaient donnés par devoir seulement et par respect pour sa grande renommée. L’intonation, jadis si pure et si belle était devenue douteuse ; l’archet était timide comme les doigts ; l’élan, la fougue, la sûreté même de l’expérience qui remplacent l’audace de la jeunesse, tout avait disparu. Il était évident que malgré ses illusions, Rode n’avait plus en lui-même