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Charles comme Charles X, et Henri comme Henri V. Dans son acte mortuaire, on a omis (est-ce à dessein ?) son nom sicilien de Rosolino. J’avoue que j’ai regretté ce nom gracieux qui rappelait Palerme et sainte Rosalie. On a craint je ne sais quel ridicule. Rosolino est charmant pour les poètes et bizarre pour les bourgeois.




Comme je m’en revenais vers six heures du soir, j’ai remarqué cette affiche en grosses lettres, collée çà et là sur les murailles : Fête de Neuilly, le 3 Juillet.



Dicté le 14 novembre 1842.

Voici un rêve que j’ai fait cette nuit. Je l’écris uniquement à cause de la date.

J’étais chez moi, mais dans un chez-moi qui n’est pas le mien, et que je ne connais pas. Il y avait plusieurs vastes salons, très beaux et très éclairés. C’était le soir. Une soirée d’été. J’étais dans l’un de ces salons près d’une table avec quelques amis qui étaient mes amis en rêve, mais dont je ne connais pas un. On causait gaîment et l’on riait aux éclats. Les fenêtres étaient toutes grandes ouvertes.

Tout à coup j’entends une rumeur derrière moi. Je me retourne et je vois venir à moi, au milieu d’un groupe de personnes que je ne connaissais pas, M. le duc d’Orléans.

J’allai au prince avec un mouvement de joie, et sans aucune surprise d’ailleurs. Le prince paraissait fort gai et en belle humeur. Je ne me souviens plus du vêtement qu’il portait.

Je lui tendis la main en le remerciant d’être ainsi venu chez moi cordialement et sans s’être fait annoncer. Je me rappelle lui avoir dit très distinctement : Merci, prince. Il me répondit par un serrement de main.

En ce moment, je tournai la tête et je vis trois ou quatre hommes qui posaient sur la cheminée un buste de M. le duc d’Orléans en marbre blanc. Je m’aperçus alors qu’il y avait déjà sur cette même cheminée un autre buste du prince en bronze. Les hommes mirent le buste de marbre à la place du buste de bronze et se retirèrent en silence. Le prince m’entraîna vers l’une des fenêtres qui, comme je l’ai dit, étaient ouvertes. Il me semble que, dans ce moment-là, nous passâmes d’un salon dans l’autre. Cela est vague dans mon esprit. Nous nous assîmes, le prince et moi, près de la fenêtre, qui avait vue