1882.
8 janvier. — Je vais aux élections sénatoriales. Premier tour de scrutin, midi. Je reviens déjeuner. Le deuxième tour est à deux heures. J’y vais. À mon arrivée au pavillon de Flore, je suis entouré d’une foule criant : — Vive Victor Hugo ! Vive notre premier sénateur ! — Il y a en effet deux sénateurs nommés. Je suis le premier. Peyrat est le second. Il en reste trois à désigner. Je reste. Mon vote porte Labordère, Barodet, Engelhart.
Je rencontre Gambetta. Je l’invite le jour qu’il voudra, qu’il vienne, son couvert sera mis. Il accepte avec enthousiasme.
C’est Allain-Targé[1] qui m’a le premier appelé Monsieur le sénateur. Je lui ai dit en riant : Oui, monsieur le Ministre.
20 mars. — Les journaux annoncent que j’ai sauvé la vie à cinq des condamnés ; je vais faire effort pour les autres.
La nouvelle est arrivée pendant que j’étais à table. Je me suis levé et j’ai dit : — Je bois au czar qui vient de faire grâce à cinq condamnés et qui la fera à tous.
Applaudissement. Les journaux diront la chose et le czar la lira. Si le bon effet continue, ce sera beau.
26 mars. — Banquet à l’occasion de la 100e représentation de Quatre-vingt-treize[2] Je suis un de ceux qui invitent. Paul Meurice est l’autre.
27 mars. — À minuit et demi le souper a eu lieu. J’ai dit quelques mots, double remerciement aux acteurs qui avaient joué Quatre-vingt-treize et aux journalistes qui avaient bien accueilli la pièce. J’étais assis entre Mme Marie Laurent et Mlle Gautier[3]. On était une centaine. Souper excellent et fort cordial. Larochelle[4] m’a adressé un speech. Je suis parti à trois heures, les laissant en fort bon appétit.
- ↑ Ministre des finances. (Note de l’éditeur.)
- ↑ Drame tiré par Paul Meurice du roman de Victor Hugo et joué au théâtre de la Gaîté. (Note de l’éditeur.)
- ↑ Mme Marie Laurent avait créé la Flécharde, Mlle Gautier la Vivandière. (Note de l’éditeur.)
- ↑ Directeur du théâtre de la Gaîté. (Note de l’éditeur.)