Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/561

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Vous êtes trop bon pour ces vers[1]. Ils n’ont d’autre mérite que de provoquer par moment les épanchements d’une âme comme la vôtre.

Vous avez raison, Olympio est un symbole, toute noble nature calomniée et méconnue peut trouver là quelque chose de sa figure, vous avez bien compris Olympio. Au reste, que ne comprenez-vous pas !

Je pense que cette lettre vous trouvera à Saint-Gratien. Voici l’automne et les grands souffles de l’hiver. Vous êtes sans doute de retour de vos eaux chaudes comme moi de mes eaux salées (car j’ai revu l’océan, cela va sans dire). Je voudrais que cette lettre vous saluât à votre arrivée ici comme la vôtre m’a accueilli à ma rentrée à Paris. Je serai heureux si vous avez en me lisant quelque ombre de la joie que j’ai eue à vous lire.

Je suis accablé d’affaires, de travaux, de théâtres, de libraires, d’ennuis que je tâcherai de rendre au public. Vous, je vous rendrai de l’amitié.

Ma femme va partir pour les Roches — quelques jours, une semaine tout au plus. — Je ne pourrai l’y suivre même pour si peu de temps. Je suis cloué ici par Védel[2], Harel et Renduel. Voilà trois el sur lesquelles un plus joyeux que moi ferait quelque bout rimé. Je n’ai même pas la ressource de cette vengeance.

À bientôt, n’est-ce pas ? J’ai dîné aujourd’hui avec Boulanger. Nous avons bien parlé de vous. Nos quatre mains serrent les deux vôtres. — À vous de toda aima.

Victor Hugo[3].


À Victor Pavie.


18 novembre 1837.

Vous avez bien raison de penser toujours un peu à vos amis de la place Royale. Vous êtes aimé ici, aimé entendez-vous, et du fond du cœur. Vous savez, mon cher Pavie, que les amitiés sont une religion pour moi.

Et puis, quel ami est meilleur que vous ? Nous disons cela bien souvent, les soirs d’hiver, ma femme et moi, en songeant à tant de faux visages qui nous ont trahis. C’est une bonne et noble chose qu’un ami comme vous !

Je suis ici dans les ennuis, dans les procès, dans les avocats, dans les tracas de tout genre. Les journaux vous disent un peu tout cela. Ce qu’ils ne vous disent pas, c’est que ma pensée est bien souvent près de vous à travers tout ce tourbillon.

  1. Les Voix intérieures.
  2. Védel, comme directeur du Théâtre-Français, était en procès avec Victor Hugo, au sujet de la reprise d’Angelo et d’Hernani.
  3. Collection de M. Charles Pelliot.