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À Sainte-Beuve.

Votre lettre me touche et m’émeut[1].

C’est du fond du cœur que je vous remercie de votre remerciement.

V.[2]
28 février 1845.


À Monsieur le comte Alfred de Vigny,
de l’Académie française,
6, rue des Écuries-d’Artois.


[8 mai 1845.]

Je vous écris sur le papier même du scrutin. Vous êtes nommé à 20 voix, au premier tour. Je vous félicite et je nous félicite.

Ex imo corde.
Victor H.


À Théophile Gautier[3].


8 mai [1845].

Mme Bouclier que vous avez vue, je crois, chez moi, cher Théophile, me presse depuis longtemps à votre sujet, car elle désire ardemment connaître l’homme dont elle aime passionnément la poésie et l’esprit. C’est une personne jolie et aimable. Je serai ce soir jeudi chez elle (rue Neuve-des-Capucines, 13). Vous devriez bien y venir. Mme Bouclier vous souhaite ; je lui ai presque dit de vous espérer. Si vous êtes libre, venez. J’aurai grande joie à vous serrer la main.

Vous êtes, pour Mme Bouclier, un charmant poëte ; elle sera pour vous

  1. Sainte-Beuve avait été, le 27 février, reçu par Victor Hugo, alors directeur de l’Académie française. Le lendemain, Sainte-Beuve lui adressait cette lettre : « Le flot de monde m’a empêché hier de vous atteindre. J’ai couru le soir pour vous chercher. Recevez mes remerciements pour ce que vous avez écrit et proféré sur moi avec l’autorité que j’attache à vos paroles, pour ce que vous avez pour ainsi dire écrit deux fois puisque vous l’avez maintenu. Quand je m’occuperai de Port-Royal, j’aurai désormais en vue le grand tableau que vous en avez tracé comme fond de perspective, et quant à ma poésie, ce que vous avez bien voulu en dire restera ma gloire. » — Gustave Simon, Le Roman de Sainte-Beuve.
  2. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  3. Aux nombreux volumes consacrés à l’œuvre universellement connue et admirée de Théophile Gautier, nous n’ajouterons rien. Disons seulement que de 1830 à sa mort, Gautier montra pour Victor Hugo le même enthousiasme, le même dévouement dont il lui donna plus d’une preuve ; il saisissait toutes les occasions de le louer, de le défendre avec passion comme aux beaux jours d’Hernani, et c’est en les rappelant, en 1872, dans un article intitulé : La première d’Hernani, que la plume lui tomba des mains pour toujours.