Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/407

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À Jules Claretie[1].


Hauteville-House, 5 juin [1862].

Monsieur, je viens de lire le dernier numéro du Diogène.

Quand un homme fait, ou essaie de faire, comme moi, une œuvre utile et honnête en présence et à l’encontre de l’immense mauvaise foi, maîtresse du monde, les haines sont acharnées autour de lui, et, point de mire de toutes les fureurs, il sait gré aux intrépides qui viennent dans cette mêlée combattre à ses côtés ; mais lorsque ces cœurs intrépides sont en même temps de beaux et radieux esprits, il est plus que reconnaissant, il est attendri. C’est donc mon émotion que je vous envoie. Vous m’apportez, dans cette lutte pour le progrès, l’aide de votre pensée inspirée et de votre noble et généreux style où tout ce qui est grand, pur et vrai se reflète. Je vous remercie, monsieur, de cette nouvelle page si éloquente sur Les Misérables, je vous en remercie, non pour moi, non pour ce livre, mais pour les souffrants, dont vous êtes l’ami, mais pour l’idéal, dont vous êtes le chevalier.

Je vous serre la main.

Victor Hugo[2].


À Pedro de Brito Aranha[3].


Guernesey Hauteville-House,
12 juin 1862.

Vous avez bien fait, monsieur, de me citer dans votre écrit excellent[4], comme un persévérant et indomptable adversaire des ténèbres cléricales. Les ténèbres par l’église, l’abrutissement du peuple par le prêtre, la nuit jetée sur les âmes au nom du dogme, que Dieu soit employé à faire reculer l’homme au lieu de le faire avancer, c’est là, dans notre siècle, le crime et la honte du parti dit parti catholique. Combattons-le, et, jusqu’à ce qu’il se taise, parlons plus haut que lui. Le salut de l’âme humaine est à ce prix.

Courage, monsieur, je vous serre la main.

Victor Hugo[5].
  1. Inédite.
  2. Collection Jules Claretie.
  3. Inédite.
  4. Jésuites et Lazaristes.
  5. Brouillon relié dans le manuscrit du Reliquat de Actes et Paroles. Pendant l’exil. — Bibliothèque Nationale.