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À AUGUSTE VACQUERIE.

énorme d’une goutte de sang de trop. Pas de sang du tout, ce serait l’idéal, et pourquoi pas l’idéal ? Quand l’idéal est atteint dans les hommes, et, à vous seul, vous suffisez pour le prouver, pourquoi ne l’atteindrait-on pas dans les choses ?

Le niveau des haines baisse à mesure que le niveau des âmes monte. Tâchons donc tous d’élever les âmes. La délivrance par la pensée, la révolution par la civilisation, tel est notre but, le vôtre comme le mien. Et quand il faudra livrer le dernier combat, on peut être tranquille, ce sera beau, généreux et grand ; ce sera doux autant que le combat peut l’être. Le problème est, en quelque sorte, tout résolu par votre présence. Vous êtes le héros de la paix traversant la guerre. Vous êtes l’épée juste.

Cher ami, je serre votre main illustre.

V. H.[1]


À Auguste Vacquerie[2].


Dim., 25 xbre [1863].

Nous avons eu ici l’autre jour notre petit christmas d’enfants pauvres. Ils étaient quarante-un. Je vous ai bien regretté. Cette joie des misérables vous eût fait plaisir.

Je travaille beaucoup. C’est à quoi l’exil est bon. Les jours sont courts, je me lève à l’aube. J’ai un cristal-room d’où je vois la mer. Ce tumulte se mêle à mon travail. C’est grand et beau. Tout cela pourtant ne vaut pas une stalle aux Français un jour de Jean Baudry.

Tuus[3].


1864.


À Auguste Vacquerie.


H.-H. 26 janvier [1864].

Votre lettre m’arrive. Elle m’enchante. Je suis content que mon gribouillage de pont maure vous plaise. Je suis heureux que vous aimiez ce livre. Ce livre, j’y ai mis de mon âme. Je venge tous les poëtes dans Shakespeare, et

  1. Brouillon relié dans le Reliquat de Pendant l’exil. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale.