Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Philosophie, tome II.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
489
TAS DE PIERRES. — II.

On dit de moi que je suis un homme bizarre, fantasque, étrange, et que j’ai le goût du singulier ; et c’est vrai ; toutes les fois que je songe à ces mots : liberté, grandeur, dignité, honneur, je le préfère au pluriel.

[1858-1859.]

Dans certains cas, il y a de la grandeur à se laisser tromper et de la honte à se défier. Jaloux, notez ceci : celui qui trompe a en remords tout ce que celui qui est trompé a en confiance.

[1841-1844.]

Je ne sais si je n’aime pas encore mieux les énormités que les petitesses.

[1830-1832.]

Quand vous entrez dans un logis, regardez les pendules, les horloges, les montres. Si elles sont d’accord et vont bien, vous êtes chez un homme d’affaires ; si elles vont, mais un peu au hasard, vous êtes chez un penseur ; si elles sont arrêtées ou en désordre, vous êtes chez un homme hors du temps, chez un rêveur.

[1851.]

L’éléphant n’est guère plus puissant contre la fourmi que la fourmi contre l’éléphant.

[1825-1827.]

Un homme d’esprit, c’est verni ; un homme de talent, c’est doré ; un homme de génie, c’est de l’or.

[1874-1875.]

Une chanson qu’on fredonne, c’est de la rêverie qui sort.

[1858-1860.]

La joie est une lyre.

1859.

L’aile ne se résigne pas au cloaque. Elle s’en arrache ou y meurt.

[1864-1866.]

Le beau est un tel mystère qu’il peut avoir son point de départ dans le grotesque. Introduisez Homère dans Géronte, vous avez Nestor. Le paon