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TAS DE PIERRES. — II.

Plein d’ennui, c’est-à-dire vide.

[1840-1844.]

On dit quelquefois : il s’est suicidé, ennuyé qu’il était de vivre. Il faudrait dire plutôt : Il s’est tué, ennuyé qu’il était de ne pas vivre.

[1830-1832.]

Ne rien faire est le bonheur des enfants et le malheur des vieillards.


L’honnête homme cherche à se rendre utile, l’intrigant à se rendre nécessaire.

[1836-1838.]

Avant de s’agrandir au dehors, il faut s’affermir au dedans.

[1836-1838.]

Certains hommes, — cela est triste, — ont tout à la fois le goût des idées et le goût des bassesses. Leur vie est double. Ils ont un cerveau qui conçoit les spéculations les plus sereines, et un estomac qui digère les infamies. D’un côté ils aiment, cherchent, étudient, approfondissent, contemplent ce qu’il y a de plus pur, de plus élevé et de plus rayonnant dans la pensée humaine ; de l’autre ils se repaissent de turpitudes. Ils ressemblent à l’astronome Lalande qui observait les étoiles et mangeait des araignées.

[1846-1850.]

Les rêves de notre imagination ne sont autre chose que des visions confuses, des formes troublées et indistinctes des réalités charmantes ou terribles qui peuplent l’infini.

[1834-1836.]

Pour être parfaitement heureux, il ne suffit pas d’avoir le bonheur, il faut encore le mériter.

[1838-1840.]