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TAS DE PIERRES. — V.

événements, la surface de l’esprit change comme la surface du visage ; sans doute l’existence humaine est faite de dépouillements successifs, Dieu veut que les choses de la vie comme les ondes de l’océan se composent et se décomposent sans cesse ; mais, au milieu de ces changements et de ces altérations inévitables, il faut que l’essentiel demeure ; il est bien que le fond de l’homme se maintienne, il sied qu’une certaine identité ne se démente jamais. Quelque chose peut flotter et quelque chose doit persister. Devenir autre en restant le même ; tout le problème est là.

[1838-1842.]

Jeunes gens de mon siècle, vous êtes l’espérance de la patrie ; vous êtes la consolation du penseur.

Devenez hommes, mais en devenant hommes, tâchez de rester jeunes. La jeunesse a de belles vertus ; elle est sincère, fidèle, honnête, pure, croyante, dévouée, candide, loyale, généreuse, reconnaissante. Efforcez-vous de garder les vertus de la jeunesse lors même que vous en aurez perdu les illusions. Je vous le répète, devenez hommes et restez jeunes.

C’est selon cette loi que se développent les bonnes natures et que se forment les grands cœurs. L’enthousiasme est le fond de la vraie sagesse, de même que Dieu est le fond de l’enthousiasme.

L’homme sage mûrit, et ne vieillit pas.

[1842-1844.]

On ne se compose pas plus une sagesse en introduisant dans sa pensée les divers résidus de toutes les philosophies humaines qu’on ne se ferait une santé en avalant tous les fonds de bouteille d’une vieille pharmacie.

[1836-1844.]

La douleur est belle, la joie est jolie.


Le bonheur peut mener au vice ; le malheur au crime. Mais, si la prospérité mal comprise rapetisse l’âme, le malheur bien compris met de grandes idées dans l’homme.

[1836-1837.]