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POST-SCRIPTUM DE MA VIE.

La façon dont on doit se comporter avec les choses de la nature n’est pas indifférente à un être intelligent.

Par exemple, tuer un crapaud, écraser une araignée ou un mille-pieds, c’est une action instinctive et pardonnable, mais dont un homme bienveillant finit par s’abstenir. Il est bon de réprimer ce premier mouvement irréfléchi que nous inspire un animal horrible et inoffensif. Cette créature, portion intégrante de l’harmonie universelle, trouble par son apparition brusque notre harmonie bornée. Ne l’en rendons pas responsable. Réfléchissons. Pourquoi cette colère et cette haine contre ce qui ne fait pas de mal ? Sachons supporter les êtres difformes puisque Dieu les a faits. Et puis, à force de réfléchir, nous trouverons ceci : Il est évident que nous n’avons pas le droit de punir un cloporte ou un scolopendre de leur laideur, puisque nous n’avons pas le pouvoir de récompenser un lys ou une étoile de leur beauté.

[1860-1870.]

Une probité peu sûre, à laquelle on donne une bonne action à faire, s’affermit, périlleusement il est vrai, par cette épreuve. Dans un château branlant, ajouter au poids consolide.

[1864-1868.]

Éclairer, c’est assainir.

Le soleil ne donne pas seulement le jour, il donne l’exemple.

[1860.]

Dans l’humanité vraie et constituée en société selon la nature, la pénétration de liberté doit être plus subtile et plus incessante encore que la pénétration d’égalité, et toutes les étapes doivent aboutir à un accroissement d’amour. Sur le cadran du progrès, la liberté marque les secondes, l’égalité marque les minutes, la fraternité marque les heures.

[1859-1860.]

Tout le monde a droit de vie ici-bas, et la mort de faim est un crime social. Voici un beau mot de St-Just :

La nature n’a pas moins de mamelles quelle n’a d’enfants.

[1850-1860.]