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EXPLICATION DE LA VIE ET DE LA MORT.

La mort est un changement de vêtements.

Âme ! vous étiez vêtue d’ombre, vous allez être vêtue de lumière !

[1862-1866.]

Vous désirez emporter votre corps dans l’autre vie ! C’est comme si vous souhaitiez aller dans une fête avec un vieil habit taché et troué.

[1850.]

Une montagne des Andes résume en zones distinctes sur sa pente de quelques lieues tous les climats de la terre depuis le tropique jusqu’au pôle ; de même une nation comme la France résume dans son histoire, comme sur un versant immense, échelon par échelon, couche par couche, nuance par nuance, tous les âges de la vie de l’humanité, depuis Teutatès qui est le sauvagisme jusqu’à Voltaire qui est la civilisation.

Qu’y a-t-il au-dessus du pôle ? Qu’y a-t-il au-dessus du sommet ? Le ciel.

Qu’y a-t-il au-dessus de la civilisation ? l’harmonie.

Le bleu. La mort.

C’est dans le tombeau que l’homme fait le dernier progrès.

[1868-1870.]

La mort est en haut. La vie est un sous-sol[1].

Si l’on connaissait le premier étage, personne ne voudrait habiter ce rez-de-chaussée.

[1872-1873.]

Les riches ont la mort pour désespoir, les pauvres l’ont pour espérance. Il va falloir quitter tout cela, dit Mazarin. Les riches n’ont que la terre ; les pauvres ont Dieu.

[1874-1876.]

La vue de l’océan éveille l’idée du voyage ; la contemplation de la nuit l’idée du tombeau.

La mer fait penser aux absents ; le ciel étoile fait songer aux morts.

[1840-1850.]

  1. Variante : La terre est un sous-sol.