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LA GUERRE D’ESPAGNE.


II



Aussi, que de malheurs suprêmes
Elle impose aux infortunés,
Qui, sous le joug des diadèmes,
Courbèrent leurs fronts condamnés !
Il faut que leur cœur soit sublime.
Affrontant la foudre et l’abîme,
Leur nef ne doit pas fuir l’écueil.
Un roi, digne de la couronne,
Ne sait pas descendre du trône,
Mais il sait descendre au cercueil.

Il faut, comme un soldat, qu’un prince ait une épée.
Il faut, des factions quand l’astre impur a lui,
Que nuit et jour, bravant leur attente trompée,
Un glaive veille auprès de lui ;
Ou que de son armée il se fasse un cortège ;
Que son fier palais se protège
D’un camp au front étincelant ;
Car de la Royauté la Guerre est la compagne ;
On ne peut te briser, sceptre de Charlemagne,
Sans briser le fer de Roland !

III



Roland ! — N’est-il pas vrai, noble élu de la guerre,
Que ton ombre, éveillée aux cris de nos guerriers,
Aux champs de Roncevaux lorsqu’ils passaient naguère,
Les prit pour d’anciens chevaliers ?
Car le héros, assis sur sa tombe célèbre,
Les voyait, vers les bords de l’Èbre
Déployant leur vol immortel,