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AU VALLON DE CHERIZY.

Deux ombres désormais dominent sur sa vie :
L’une est dans le passé, l’autre dans l’avenir.

Oh ! dis, quand viendras-tu ? Quel Dieu va te conduire,
Être charmant et doux, vers celui que tu plains ?
Astre ami, quand viendras-tu luire,
Comme un soleil nouveau, sur ses jours orphelins ?

Il ne t’obtiendra point, chère et noble conquête,
Au prix de ces vertus qu’il ne peut oublier ;
Il laisse au gré du vent le jonc courber sa tête ;
Il sera le grand chêne, et devant la tempête
Il saura rompre et non plier.

Elle approche, il la voit ; mais il la voit sans crainte.
Adieu, flots purs, berceaux épais,
Beau vallon où l’on trouve un écho pour sa plainte,
Bois heureux où l’on souffre en paix !

Heureux qui peut, au sein du vallon solitaire,
Naître, vivre et mourir dans le champ paternel !
Il ne connaît rien de la terre,
Et ne voit jamais que le ciel !


Juillet 1821.