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ODES ET BALLADES.


ODE QUATRIÈME.

À TOI.


Sub umbra alarum tuarum protege me.
Ps. xvi.


Couvre-moi de l’ombre de tes ailes.


Lyre longtemps oisive, éveillez-vous encore.
Il se lève, et nos chants le salueront toujours,
Ce jour que son doux nom décore,
Ce jour sacré parmi les jours !

Ô vierge ! à mon enfance un Dieu t’a révélée,
Belle et pure ; et, rêvant mon sort mystérieux,
Comme une blanche étoile aux nuages mêlée,
Dès mes plus jeunes ans je te vis dans mes cieux.

Je te disais alors : — Ô toi, mon espérance,
Viens, partage un bonheur qui ne doit pas finir. —
Car de ma vie encor, dans ces jours d’ignorance,
Le passé n’avait point obscurci l’avenir.

Ce doux penchant devint une indomptable flamme ;
Et je pleurai ce temps, écoulé sans retour,
Où la vie était pour mon âme
Le songe d’un enfant que berce un vague amour.

Aujourd’hui, réveillant sa victime endormie,
Sombre, au lieu du bonheur que j’avais tant rêvé,