Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/153

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LE DUC GALLUS.

Ah çà, mais me voilà jaloux ! Et de qui ? D’elle !
De lui !

GUNICH.

De lui ! Vous allez vite en besogne. Comment,
Vous avez vu, de loin, cette belle, un moment,
Prince, et voilà le feu qui prend à votre altesse !

LE DUC GALLUS.

Être vite amoureux, c’est de la politesse.
Et puis, chacun son genre, ami. C’est ma façon,
À moi, de me hâter de perdre la raison.

GUNICH.

Faites.

Il rit.
LE DUC GALLUS.

Faites. Quoi ! l’on m’indique en ce donjon sinistre
Une belle ! j’accours, et tu ne veux pas, cuistre,
Dadais, triple crétin, qu’en ce pays de loups
J’enrage, et que je sois furieux et jaloux !
Je trouve mon neveu qui courtise la dame !

GUNICH.

Vous usurpez le trône, il usurpe la femme.
Carambolage.

LE DUC GALLUS.

Carambolage. Il a la bride sur le cou.
N’étant pas roi, qu’a-t-il besoin d’un garde-fou ?
En fait de liberté jamais je ne lésine.
Il est étudiant ici près ; il voisine.
Il était sur la piste avant moi. C’est flagrant.
Mais, bah ! je lutterai. Sais-tu qu’il est fort grand,
Ce petit ?

GUNICH.

Ce petit ? C’est un homme.