Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/218

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Lui faire tous les jours d’agréables surprises ;
Lui racheter l’ennui de voir vos mèches grises
Par des bals, des bijoux, des fleurs ; être courtois ;
Et se taire ; et n’aller pas crier sur les toits :
Mesdames et messieurs, je suis celui qui paie !
Faire en somme à la belle une existence gaie,
Libre, opulente, vive et jeune, de façon
À se dire : après tout je suis un bon garçon !
Voilà l’élégance. Hein ?

GUNICH.

Voilà l’élégance. Hein ? Vous êtes à l’escrime
Très fort.

GALLUS.

Très fort. Je te dis, moi, de m’accuser d’un crime,
Et non d’une bêtise. Étant déjà l’amant,
Si j’étais l’amoureux, je serais fou vraiment.

GUNICH.

Vous me jetez ce mot : buse !

GALLUS.

Vous me jetez ce mot : buse ! Oui, je le décoche.

GUNICH.

Mais il ne faudrait pas alors de votre poche
Laisser tomber ces vers écrits de votre main.

Il présente à Gallus le papier que Gallus a laissé tomber,
le déploie, et se met à lire.

Sonnet. À Zabeth.

Déclamant.

Sonnet. À Zabeth. …Belle au regard inhumain…

GALLUS, lui arrachant le papier.

Ô stupide espion ! voleur plus bête encore !
Que ne suis-je encor roi pour que je te décore
De l’ordre d’ânerie inventé tout exprès !