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résolution, le projet primitif de Toute l’âme, qui devait être Toute la lyre, se trouvait modifié, et il l’arrêtait avec les divisions suivantes et les variantes de titres :

TROIS RECUEILS PROJETÉS.
La Croissance de la conscience.
La Croissance de la pensée.
La Croissance de l’esprit.
La Croissance de l’âme.
Les Profondeurs.
Toute l’âme.

Il n’est plus question d’un nombre indéterminé de volumes. Tout ce qui a trait aux Quatre vents de l’Esprit a disparu. Et, sur une feuille de papier bleu d’emballage ayant enveloppé un dossier, on lit cette note, d’une grosse écriture :

Pressé par le temps, je n’ai pu, avant mon départ, mettre en ordre ce que contient ce dossier, ce sont toutes les pièces destinées à composer trois recueils :

1o La Croissance de la conscience
1o La Croissance de l’âme,
commençant par Amours
et finissant par l’Inconnu.
2o Les Profondeurs.
3o Toute l’âme (recueil final).
Partout où il y a
Toute la vie, lire Toute l’âme.

Victor Hugo avait donc bien arrêté la publication immédiate de ses Quatre vents de l’Esprit, il les avait bien détachés de Toute l’âme, puisque sur le faux titre de l’édition française des Châtiments, paraissant le 20 octobre 1870, à Paris, on lisait :

Pour paraître prochainement :
POÉSIE.

LES QUATRE VENTS DE L’ESPRIT.

DEUX VOLUMES :
Tome premier. — I. Le livre satirique.
II. Le livre dramatique.
Tome second. — III. Le livre lyrique.
IV. Le livre épique.

Le 20 avril 1872, alors que plusieurs de nos départements étaient et devaient être occupés par les troupes allemandes jusqu’au payement total de notre rançon, Victor Hugo publie l’Année terrible. Il ajourne donc ses deux volumes des Quatre vents de l’Esprit, mais il les mentionne sur la couverture de l’Année terrible, en modifiant ainsi l’ordre des volumes primitivement arrêté :

Tome Ier. Tome II.
Le livre lyrique.
Le livre dramatique.
Le livre épique.
Le livre satirique.

Seul le livre dramatique conserve sa place désignée.

Mais en même temps, sur cette même couverture, il établit une sorte de programme de publication : 1o le Théâtre en liberté en deux volumes ; 2o les Quatre vents de l’Esprit ; 3o Dieu ; 4o la Fin de Satan.

Huit ans se passent ; en 1880, Victor Hugo publie Religions et Religion et il donne cette indication sur la couverture :

Pour paraître prochainement :
TOUTE LA LYRE.

La même année, il fait paraître l’Âne, et également sur la couverture la publication de Toute la lyre est annoncée ; il n’y est fait aucune mention des deux volumes les Quatre vents de l’Esprit, déjà terminés.

Victor Hugo avait probablement l’intention de les restituer à Toute la lyre qui remplaçait définitivement Toute l’âme. Car lui qui était plutôt disposé à mettre le public dans la confidence de ses projets, avant que l’œuvre fût terminée ou même commencée, pourquoi aurait-il omis de rappeler la publication prochaine des Quatre vents de l’Esprit signalée le 20 octobre 1870 sur la couverture de l’édition française des Châtiments et en 1872 sur la couverture de l’Année terrible ? Son silence était évidemment calculé ; dans l’indécision où il se trouvait de ré-