Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/486

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Meurice et Auguste Vacquerie pour la correction des épreuves ne lui permirent de reprendre Margarita qu’à la fin de l’année ; sa comédie était finie le 4 janvier 1869. Elle entrait alors dans le Théâtre en liberté, pour lequel Victor Hugo ébauchait ce début de préface :

De toutes les pièces qu’on va lire, deux peut-être, la Grand’mère et Margarita, pourront être représentées sur nos scènes telles qu’elles existent. Les autres sont jouables seulement à ce théâtre idéal que tout homme a dans l’esprit[1].

Pendant les mois de janvier et de février, Victor Hugo revenait à Gallus et à Margarita, et tout en ayant l’idée de compléter sa comédie, il trouva la formule de son drame dans la fable latine : Le coq et la perle, qu’il avait divisée en chapitres ; nous avons en effet retrouvé la note suivante :

Chapitre I. Gallus [le coq]
Chapitre II. Escam [le pâture]
Chapitre III. Quærens [cherchant]
Chapitre IV. Margaritam [une perle]
Chapitre V. Reperit [trouva]

Nous avons donné la traduction de chaque mot entre crochets.

Gallus margaritam reperit, le coq avait bien découvert une perle ; fâcheuse trouvaille pour lui. Elle est exquise, délicieuse, adorable, Margarita, mais c’est une conquête trop platonique. Or, escam quærens, cherchant de la nourriture, Gallus ne peut se contenter de Margarita. Esca lui réserverait de plus agréables surprises ; pourquoi ne se mettrait-il pas en quête ? Peut-être trouverait-il sa pâture ailleurs et serait-il plus heureux avec Élisabeth-Lison ? Et ce sera la seconde trouvaille ; d’Élisabeth il fera la marquise Zabeth. Victor Hugo avait pensé qu’à côté de la comédie il y avait un drame, et du 4 mars au 3 avril il écrivait Esca, un drame en deux actes : Lison et la Marquise Zabeth ; il avait les Trouvailles du duc Gallus.

Quel sort leur réserve-t-il ? Sur le dos de la couverture de l’Homme qui Rit, tome I, il a annoncé la publication prochaine du Théâtre en liberté. Il possède un certain nombre de pièces dont il dresse la liste, et, parmi elles, figurent les Trouvailles du duc Gallus, — première trouvaille : Margarita, comédie en un acte, — deuxième trouvaille : Esca, drame en deux actes.

Au moment où paraissait le premier volume de l’Homme qui Rit, c’est-à-dire le 19 avril 1869, les Trouvailles du duc Gallus, qui devaient s’appeler plus tard les Deux trouvailles de Gallus, appartenaient donc au Théâtre en liberté. Mais Victor Hugo est interrompu dans son travail. Le 11 septembre 1869, il se rend au congrès de la paix à Lausanne et voyage en Suisse ; il revient à Bruxelles le 1er octobre, et retourne à Guernesey dans les premiers jours de novembre.

Au début de 1870 il écrit de nombreuses pièces de vers qui auront plus tard leur destination définitive et qu’il placera dans les Quatre vents de l’Esprit, la Légende des Siècles (2e série) et les Années funestes. Mais en mai il s’opère un grand travail dans son esprit ; en présence de tant de richesses accumulées, Victor Hugo songe à classer de nouveau son œuvre. Il a des poésies de toutes les époques ; c’est alors qu’il imagine le répertoire de toute sa poésie : Toute l’âme, dont nous avons parlé, et qu’il y mentionne la comédie et le drame en même temps qu’il entrevoit les Quatre vents de l’Esprit comme un recueil en quatre livres devant entrer probablement dans ce répertoire. Il a désigné un livre sous le titre suivant :

Drame. — L’Amour.
Drame. — Gallus.

C’est enfin au mois d’août qu’il se

  1. Voir le Théâtre en liberté.