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de montrer l’auteur dramatique sous un aspect curieux et inédit.


La Nouvelle Revue.
Henri de Bornier.

… C’est une délicieuse pastorale que cette comédie, et quelquefois, comme on l’a vu, elle s’élève jusqu’au sublime.

… Je ne veux pas déflorer ce dernier acte en le racontant ; il y a, dans ce dénouement d’une philosophie si tragique, des accents désespérés, des coups d’aile dans l’infini, de la douleur morale, des profondeurs de tristesse dont l’analyse ne pourrait donner une idée. Pour bien comprendre ce drame il faut le lire. Que dis-je ? le lire ? Eh ! pourquoi ne le verrait-on pas sur la scène ? On trouvera, espérons-le, un directeur bien avisé qui forcera la main à Victor Hugo s’il résiste : j’admets la liberté pour tout le monde, excepté pour les poètes de génie, quand ils veulent dérober leurs œuvres a nos applaudissements ; publier les Deux Trouvailles de Gallus, c’est bien ; mais cela ne suffit pas.

Précisément, parce que cette superbe trilogie est d’un genre inconnu, parce qu’elle contient tout ce qu’une œuvre de théâtre comporte de libres allures, précisément pour cela nous voulons voir comment elle sera comprise de la foule. Elle le serait admirablement, je n’en doute pas ; car la foule a des liens mystérieux avec les grands poètes : le génie étant multiple ne peut être tout à fait compris que par un juge multiple.


Le Droit.
Mario Proth.

… Dans les Deux Trouvailles de Gallus, ces deux comédies d’une si haute et si poignante philosophie, d’une si entraînante poésie, d’une action si simple et si fortement nouée que sans doute nous verrons bientôt à la scène, ne retrouvez-vous pas tout entier le créateur d’Hernani et de Ruy Blas ?


Le Télégraphe.
Maxime Gauthier.

Ce qui est à la fois le ressort, l’intérêt et la vie du théâtre de Victor Hugo, c’est l’antithèse. Il réunit dans une seule figure les traits les plus disparates et nous étonne par le contraste inattendu.

… Si nous sommes dans un monde quelque peu fantastique, si les personnages ont un autre langage que ce langage banal qui fatigue chaque jour nos oreilles, eh ! mille fois tant mieux ! c’est le poète qui parle par leur bouche ; qui s’en plaindrait ? C’est la note lyrique et non la note dramatique, diront quelques-uns. Soit ! puisque ce lyrisme nous emporte. Soyons heureux, au contraire, que les personnages, se souciant médiocrement de l’action, l’interrompent et la brisent, pour nous chanter ces grands airs dont la musique est signée Victor Hugo.


Le Journal des Débats.
Bérard-Varagnac.

Nous ne quittons pas tout à fait la satire en abordant le drame : les Deux trouvailles de Gallus. C’est du reste un esprit bien différent qui circule et qui brille de ses mille facettes dans cette création singulière, fantastique, amusante, éblouissante de verve, de fougue, de grâce, d’ironie ardente et d’audacieux caprice.

C’est, à mon sens, le chef-d’œuvre des Quatre vents de l’Esprit que ce drame étincelant, mené et enlevé de main de maître ; double drame, en deux parties ou en deux journées : la première, intitulée Margarita ou la comédie ; le seconde, Esca, ou proprement le drame, on va voir pourquoi : … Gallus escam quærens margaritam reperit. C’est sur ce vieil adage latin que se joue la fantaisie comique du poète.

… La seconde partie, Esca, est encore supérieure à la première. Ici, l’imagination du poète se déploie dans tout son ardent éclat, et en la lisant, cette seconde partie, je me disais en moi-même : Quel merveilleux dramaturge ! Mon Dieu ! quelle entente du théâtre ! quelle science des effets et des situations ! quel art inné et consommé de la mise en scène ! Ce double drame au fond n’est pas un drame véritable ; c’est une exquise bluette ; une fleur éclose un matin aux rayons capricieux de sa verve. Oui, mais quelle finesse et quelle sûreté de main dans l’arrangement de cette légère intrigue ! et quel feu roulant