Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/65

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Dévoilant l’escalier qui dans la nuit descend,
Disant : voyez ! marchant dans la rue, et laissant
La boue éclabousser son linceul semé d’astres ;
Qui, sur un tréteau, montre entre deux vils pilastres
Son horreur, son front noir, son œil de basilic ;
Qui consent à venir travailler en public,
Et qui, prostituée, accepte, sur les places,
La familiarité des fauves populaces !



Ô vivant du tombeau, vivant de l’infini,
Jéhovah ! Dieu, clarté, rayon jamais terni,
Pour faire de la mort, de la nuit, des ténèbres,
Ils ont mis ton triangle entre deux pieux funèbres ;
Et leur foule, qui voit resplendir ta lueur,
Ne sent pas à son front poindre une âpre sueur,
Et l’horreur n’étreint pas ce noir peuple unanime,
Quand ils font, pour punir ce qu’ils ont nommé crime,
Au nom de ce qu’ils ont appelé vérité,
Sur la vie, ô terreur, tomber l’éternité !