Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Vous êtes en blanc, la belle  ;
Comment vous appelez-vous  ?
En gardant les grands bœufs roux,
Claude lui fit les yeux doux.
Je suis la fille, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous portez des fleurs, la belle  ;
Comment vous appelez-vous  ?
Les vents et les cœurs sont fous,
Un baiser les fit époux.
Je suis l’amante, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous avez pleuré, la belle  ;
Comment vous appelez-vous  ?
Elle eut un fils, prions tous,
Dieu le prit sur ses genoux.
Je suis la mère, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous êtes pâle, la belle  ;
Comment vous appelez-vous  ?
Elle s’enfuit dans les trous,
Sinistre, avec les hiboux.
Je suis la folle, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous avez bien froid, la belle  ;
Comment vous appelez-vous  ?
Les amours et les yeux doux
De nos cercueils sont les clous.
Je suis la morte, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

                13 avril 1855.